Laissez moi sortir bordel !

Phobos alias Valentis n’aimait pas du tout l’évènement c’étant produit récemment : à savoir le brouillard et le fait que les humains ne pouvaient pas sortir. Parce que oui au début il pensait que cela ne touchait que les humains et qu’un dieu – qui d’autre pour avoir une telle puissance ? – s’amusait un peu. Un peu trop même, c’était t’il dédié une sorte de temple avec ce cloché lumineux ? Au bout de quatre jours comme rien semblait n’avoir changé et que Valentis sentait d’ici le parfum de panique si la situation venait à s’éterniser il décida qu’il devait tenter de briser le sort ou d’ouvrir une brèche il ne savait encore trop comment. Peut-être en s’obstinant dessus ? Ce qu’il savait faire de mieux. Du coup, comme il habitait en périphérie il fit une petite balade de jour jusqu’au pont de la ville. Il pleuvait, comme d’habitude.

Là il s’arrêta, fixa l’horizon avec un air de défit et couru tout droit avant d’atterrir au point de départ. Non, c’était surement un coup de chance du lanceur de se sort. On n’emprisonnait pas si facilement un di- AH, deuxième fois ! Valentis se sentait impuissant face à quelque chose d’immatériel. Se croyant seul il se mit à rager :

- Putain, espèce de lâche, montres toi en face à la place de ce sort pourrie !

Oser enfermer un dieu, c’était inadmissible ! Il courut de nouveau à la sortie et obtient de nouveau le même résultat.

- Bordel !

Il serra les poings et les dents, fixant l’horizon. Il devait réfléchir. Y’avait surement un rapport avec la lumière sur le cloché. Le sort était peut être là-bas. Il allait devoir… tenter de passer un champ de force. Peut-être aurait-il plus de succès que de courir en vain ? Etre totalement trempé n’aidait pas son humeur déjà bien obscurcit et ses cheveux longs commençaient à goutter petit à petit. Heureusement que le cuir était imperméable.

Valentis allait repartir, toujours en colère contre ce sort. Il pensait à un dieu primordial manipulant l’espace mais le pire serait que ce soit l’espace et le temps. Néanmoins avant de faire d’autre supposition il entendit une voix de femme derrière lui et se retourna vivement, pensant en effet que la coupable avait fini par se montrer.

"Avant que tu dises quoi que ça soit, je suis pas responsable de ça."

Ah. Valentis pensa qu’il pouvait la croire. Il hausse les épaules et déclara, aussi bien pour lui que pour l’inconnue :

- Ca aurait été trop beau. Je râle un coup et la coupable apparaît.

Si tout était aussi simple Valentis aurait déjà plusieurs souhaits d’exaucés. Il s’avança de fait – n’allant pas lui parler de loin en plus avec ce mauvais temps qui réduisait la visibilité – et la détailla du regard, notant une certaine similitude de cheveux voir même dans le look et la confiance. Le dieu en lui cherchait des solutions pour contrer ce sort, se fiant à ce qu’il connaissait déjà. Il désigna d’un coup d’œil l’horizon inaccessible :

- Ce phénomène doit bien avoir une faiblesse. Une faille à exploiter. Peut-être que si des milliers de personne essai de sortir à la même seconde le dispositif ou l’entité responsable de ce truc ne pourra pas le supporter.

Malgré les apparences, Valentis réfléchissait vite et élaborait des plans avec ses connaissances divines sur les sorts. Il se prenait pour exemple, son sort avait aussi des failles : la distance et lui-même. Si il se faisait assommer l’aura de peur cesserait. Du coup il fallait trouver le responsable et le mettre hors d’état de nuire, à moins qu’il s’agisse d’une relique ? Il secoua la tête, il y réfléchirait au calme et esquissa un sourire devant cette femme qui n’avait pas peur de lui :

- Sinon, à qui ai-je l’honneur ?

Surement dû à son âge avancé, Valentis avait du mal à garder un style de langage défini mais au vu de ses fréquentations louches il avait tendance à rabaisser le niveau pour paraître un peu con. Néanmoins si la situation le demandait il montait de pallier. Là ça lui paraissait bien.

Ah, donc, Elizabeth. Valentis nota son prénom dans sa tête, c’est vrai que lui-même ne s’était pas présenter, faut dire ça lui paraissait moins important que ce problème étrange. Durant un instant il en oublia son prénom d’emprunt un peu trop récent pour lui et eut un léger blanc. C’était quoi déjà ? Valentin ? Valerian ? Est-ce qu’il devenait gâteux ?

"J'imagine que tu as déjà essayé de plonger la tête la première la dedans, monsieur... ?"

Au moins il pouvait répondre à la première partie de la question en haussant les épaules, blasé :

- Oh oui, j’ai essayé différents trucs mais rien ne marche.

On ne combattait pas du brouillard à coup de pied malheureusement. Enfin le pire c’était le sort point-de-départ. Soudain il se rappela…

- Valentis. Phobetryos. M’enfin « Valentis » c’est suffisant, ou « Val ».

Ca dépendait du degré du flemme. Un truc toutefois l’intriguait :

- Ca te fait pas peur comme situation ? Parce que c’est un peu une grosse claque : la magie existe.

Le dieu trouvait que les humains le prenaient… relativement bien. Pour une démonstration de force de ce genre. En même temps c’était tellement énorme que ça devait faire bugger leur esprit dans un sens… Valentis ce qu’il prenait mal n’était pas que ça existe, mais que ça l’affecte lui. Il eut un soupire agacé de lui même :

- Mais visiblement je ne suis pas plus doué que les autres pour sortir. J’y réfléchirais au chaud et au sec.

Parce que mine de rien, tout dieu qu’il soit, Phobos n’aimait pas sentir le cuir humide lui coller à la peau et retournerait bien dans un endroit où se mettre à l’aise. Ne connaissant pas trop les environs voir même la ville à pars l’underground, il ne savait pas qu’il y avait un restaurant dans le coin.

Se perdre dans le brouillard ? Valentis se disait que la capacité des humains à trouver une explication sur tout était juste ahurissante. M’enfin, il savait quand même faire la différence entre se perdre et se retrouver bizarrement au même endroit ! Comme il n’avait pas envie de débattre sur ce sujet sous la pluie et l’humidité voir même de débattre tout cours – c’était hors de l’entendement des mortels après tout – et que l’idée d’un diner au sec l’attirait il approuva :

- J’devrais avoir assez à moins que ce soit un restau grand luxe où tu paies 50 dollars pour trois bouchés.

Il ricana à cette pensée, Valentis n’en avait jamais compris l’intérêt. Bien que ce soit un peu la honte d’être divin et fauché. Néanmoins il était peu probable que perdu dans la périphérie et avec une patronne ou serveuse de ce genre se soit un restaurant gastronomique où l’on payait une somme astronomique son assiette.

- Je te suis.

C’est d’ailleurs ce qu’il fit sans plus tarder. Plus le restaurant était en vue, plus il comprit que le brouillard et le mauvais temps avait fait fuir les clients, il pourrait s’estimer chanceux s’il n’était pas seul.

- Du coup vous servez quel genre de plats au restau ? Oh, vous avez des hamburgers maison ?

Il se voyait bien manger ça pour se réchauffer.

Phobos, enfin Valentis il allait devoir s’y faire, entra dans le restaurant qui lui parut tout à fait sympathique après avoir essuyé la pluie de tout à l’heure. Il s’installa au comptoir, suivant Elizabeth, et les tarifs lui parurent abordables. Comme il souhaitait le faire, il déclara, interpelant de faites la jeune femme :

- Bon bah ça tombe bien, j’vais prendre un hamburger avec des frites, une sauce barbecue et une limonade.

Ensuite il enleva sa veste trempée et la déposa sur une chaise pas loin, après tout y’avait pas foule donc ce n’est pas comme si il allait gêner, révélant un physique qui ne ferait pas tâche dans un calendrier à un public amateur de beaux muscles. Valentis s’assit.

- Doit pas y avoir grand monde ces temps-ci.

Simple constat. Il demanda à Elizabeth :

- T’es la patronne des lieux ?

Puis il attendit sa commande, appréciant d’être au chaud et au sec, l’estomac mit en appétit par les odeurs.